Sommaire
Contexte : Ailleurs, les Roms
Esma Redžepova : tous les chemins mènent aux Roms, par Renaud Dorlhiac.
Les Roms et la politique serbe : un cercle vicieux, par Božidar Jakšić.
Poèmes, florilège de poèmes roms (Gordana Đurić, Rajko Đurić, Trifun Dimić, Predrag Jovičić, Jovan Nikolić, Desanka Ranđelović).
Le trilinguisme des Roms musulmans en Thrace grecque, par Evangelia Adamou.
Transversale :
Jusuf Vrioni, une vie entre crochets (1916-2001), par Renaud Dorlhiac.
Dossier : Cuisine et identité
La cuisine du sud de l’Est, par Alexandre Asanović.
La cuisine des paysans serbes, par Dragomir Antonić.
Petite étymologie culinaire serbe, par Ilona Poňavičová.
La pita de ma mère, par Nina živančević.
La cuisine roumaine, par Matei Cazacu.
Le temps d’un café..., par Stavroula Bellos.
Ouzaki et skordalia, par Stavroula Bellos.
Textes
Edward Lear, un aquarelliste en Épire, par Bernard Lory.
Journals of a Landscape Painter in Albania, d’Edward Lear (extraits inédits en français).
La poésie bulgare, acteur du renouveau littéraire, (fin xxe – début xxie siècles), par Marie Vrinat.
Poèmes de Binio Ivanov, Konstantin Pavlov, Ivan Théophilov, Miglèna Nokoltchina, Guéorgui Rouptchev, Ani Ilkov, Boïko Lambovski, Mirela Ivanova, Amelia Litcheva, Guéorgui Gospodinov, Silvia Tcholeva, Kristine Dimitrova, Nadejda Radoulova.
Regard
Photographies de Roland Tasho.
Chroniques
Peek & Poke, projet artistique de mémoire dynamique, par Sandra Černjul ; F
.I.N.T. : Festival International Théâtral du 3 au 6 Mai 2011, Chişinău, Moldavie, par Veronika Boutinova ;
Sur la frontière..., par Mariana Bara ;
Avec Traian Tudoran, sur l’Europe, les Roumains du Banat serbe et les Vlassi de Homolje, entretien ;
Njegoš, enfin, par Dragica Mugoša.
Comité de rédaction :
Alexandre Asanović, Stavroula Bellos, Jérôme Carassou, Renaud Dorlhiac, Bernard Lory, Dragica Mugoša, Cristina Passima, Alexandre Tchernookov, Nicolas Trifon, Mickaël Wilmart, Nina živančević.
Éditorial
par Jérôme Carassou
Bon appétit !
Cette fois encore, nous vous avons mitonné un bon petit numéro, plein de déférence pour vos papilles anesthésiées par une absorption répétée d’insipides gauloiseries. Prenez garde ! cela va sentir l’ail, dégouliner de beurre, regorger de sucre, fleurer bon la graisse frite... Nous vous convions à la table des Balkans, toujours ouverte, pour vous servir des plats métissés, produits d’une culture millénaire, celle du sud de l’Est, qui a su mélanger patiemment les épices de l’Orient, la rigueur roborative germanique et la frugalité des paysans slaves.
Que cette leçon de savoir-vivre nous fasse oublier un temps la nouvelle crise du Capital et le cortège induit des thuriféraires de « nouveaux plans de sauvetage » toujours prompts à mettre les peuples à l’index, à les humilier, pour sauver sinon les apparences du moins le coffre-fort. C’est la crise ! À qui la faute ? Hier aux Roms, aujourd’hui aux Grecs, et demain ?
Les Roms. Nous n’avons pas oublié les recettes indigestes du gouvernement français pour éradiquer la mauvaise herbe de notre espace public. Pour faire passer notre nausée, nous avons dû prendre l’air, voir ailleurs, là-bas, au sud de l’Est, comment les Roms vivent, survivent, et s’en sortent souvent dignement.
Les Grecs. Souvenez-vous, c’était hier, en 1829, « Un enfant grec, assis, / Courbait sa tête humiliée * ». Comme Hugo et Delacroix, beaucoup d’autres prenaient fait et cause pour ce peuple révolté contre le joug ottoman. C’était hier, et les Français étaient solidaires – à tout le moins compatissants. Que peut te donner le poète pour soigner ta peine bel enfant ? « Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ? * » Ou bien un petit plan de rigueur ? Si c’est tout ce que nous avons à offrir aujourd’hui aux Grecs, à ce peuple qui connaît plus de façons de préparer le café que nous n’avons de recettes de fromage, alors l’Europe n’est plus digne de la Grèce. Que l’Europe n’oublie jamais la réponse de l’enfant à la charité du poète : « Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus, / Je veux de la poudre et des balles.* »
Mais allons ! avant qu’il ne soit trop tard, terminons notre repas. Parce qu’il est inconvenant de ne pas honnorer ses convives en portant des toasts et en déclamant quelques vers, nous vous avons, encore une fois, réservé de nombreuses découvertes littéraires. Quant à l’hommage, permettez-moi de lever mon verre à tous les membres de ce comité de rédaction, sans qui cette revue n’existerait pas.
Yamas !
* Victor hugo, "l’Enfant",
Orientales, 1829.
144 pages, décembre 2011.