Moi qu’on a comparé à l’éternel, pour qui l’espace et la durée ne sont rien, moi qui vis de la vie la plus découpée, la plus inadvertante, la plus oubliée, pour qui épié-je tous mes instants ? C’est pour celle qui est loin de moi et que j’aime.
Les Lettres à Sophie Volland sont la plus célèbre correspondance amoureuse du
XVIIIe siècle et l’un des grands textes de la littérature française. Diderot parvient
à nous communiquer l’intensité rayonnante de sa passion pour Sophie. Elle est loin de lui, mais partagera tous ses instants — par la magie du style.
C’est aussi un document passionnant sur la vie de Diderot, la société qui l’en- toure, son activité d’écrivain et plus largement sur la vie intellectuelle du temps. On pourra y lire, comme autant de séquences détachables, quasiment sténographiées, les longues et souvent très plaisantes conversations de la société du Grandval, chez le baron d’Holbach, ou du château de La Chevrette, chez Mmed’Épinay. Sans compter les anecdotes, les contes et les cas « de conscience » dont Diderot régalait sa Sophie, qui en était fort friande — tant
de pages savoureuses, parfois désopilantes, animées par le désir et le plaisir de
plaire.
Cette publication vient combler un vide : c’est la première édition des Lettres à
Sophie Volland depuis 1965. On ne pouvait plus les lire qu’en extraits ou mêlées
aux autres correspondances de Diderot dans ses œuvres complètes. On les
retrouvera ici dans leur intégralité, dans leur continuité propre, fidèlement
reproduites d’après les manuscrits.
Texte présneté et annoté par Marc Buffat (Paris-7 Diderot) et Odile Richard-Pauchet (Université de Limoges).
750 pages, mai 2010.
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